dimanche 31 décembre 2006

Antisémitisme et racisme en terres arabes (1) : l’antisémitisme

C’est les vacances…enfin un peu de temps pour parler de sujets qui même de façon brève, nécessitent plus que quelques lignes…

J’appelle ici racisme, le fait d’être défavorable à l’action qu’entreprend une personne ou un groupe du seul fait que cette personne ait des origine ethniques spécifiques. Historiquement “racisme” désigne le racisme visant au premier plan les populations noires africaines et de façon plus large toutes les populations non originaires d’Europe. L’antisémitisme peut être considéré comme un racisme spécifique à l’encontre des juifs, racisme ayant une histoire propre et se caractérisant par le fait que l’identité juive visée se caractérise elle-même par une appartenance religieuse (mais le terme “antisémite” renvoie à une origine et non à une religion).

Pour bien commencer quelque faits (pré-)historiques et linguistiques:

_Le peuplement de l’Afrique du nord se serait fait en deux vagues à partir de l’Europe via la Sicile (Biraben dans la revue de l’INED Population et Société, 2003). Ce peuplement se serait étendu jusqu’en Arabie.

_ Les langues des populations “autochtones” d’Afrique du Nord (assimilables aux berbères) appartiennent au groupe hamitique, les langues du Moyen-Orient (dont l’arabe, l’hébreu et l’araméen la langue du Christ) au groupe sémitique (branche occidentale du groupe, concernant les trois langues citées pour être plus précis). Les deux groupes sont en général rapprochés dans la famille des langues “afro-asiatiques” (où l’on trouve aussi les langues de l’Ethiopie). Pour situer, l’Iranien lui est une langue de la famille indo-européenne (comme le français, l’anglais et le hindi) et le turc venu plus tard d’Asie centrale, une langue de la famille…turque !

_ Les arabes nord africains actuels ont bien plus d’origine berbères que d’origine moyen-orientales : ils ont été assimilés (cf. Wikipedia/tunisie/note 9). Avant l’arrivée de l’Islam, au contact de communautés juives venues du Moyen-Orient, nombre de tribus berbères se sont converties au judaïsme. Il existait aussi des tribus juives arabes à l’époque du prophète Mahomet (Au Moyen-Orient). Les proximités entre Islam et Judaïsme sont d’ailleurs nombreuse (cf. Roger Caritini: “Le génie de l’Islamisme”).

_ Au IXeme siècle, le royaume khazar (constitué par des populations de type “turc” autour du sud de l’actuelle Russie) adopte le judaïsme, la chute de cet état (Xeme-XIeme siècle) provoquera une migration vers l’Europe centrale, migration probablement à l’origine des fortes populations juives ashkénazes de la région (probablement issues de mélanges avec des autochtones, notamment slaves et des juifs venus d’Allemagne).

_ Après la Reconquista et l’Inquisition, entre le XVeme et le début du XVIIeme siècle, les juifs et les musulmans de la péninsule ibérique migrent essentiellement vers le Maghreb et l’actuelle Turquie et dans une moindre mesure vers la France, les Pays-Bas, l’Italie et la Syrie (près de 500 000 expulsés suite à un décret du roi Phillippe III en 1609, sur une population totale ibérique de 8 millions. [http://www.monde-diplomatique.fr/1997/03/DE_ZAYAS/8003.html]) Ces juifs seront appelés sépharades. Aujourd’hui en Israël, pour les distinguer des autres juifs orientaux, on désigne ces derniers par le vocable “mizrahi” (”oriental” en hébreux).

_ Au XXeme siècle, les pays arabes et l’Iran perdent l’essentiel de leurs communautés juives: émigrations économiques en Syrie-Liban (qui a touché aussi les autres communautés), francisation au Maghreb, notamment en Algérie à la suite du décret Crémieux de 1870 (les juifs d’Algérie sont assimilés aux colons et décident en majorité de quitter le Maghreb après les indépendances). Les guerres israélo-arabes de 1948, 1956 et 1967 qui se traduisirent par une tension entre les juifs et les autres arabes finirent de vider les pays arabes de leurs population juives d’autant qu’ Israël cherchait à accroître son poids démographique (nombre de juifs du Moyen-Orient émigrèrent en Israël alors que ceux du Maghreb allèrent d’abord vers le France).

Au-delà de la complexité des identités, la réalité arabe a donc longtemps intégré une composante juive. Mais aujourd’hui 99% des arabes des pays arabes de moins de 50 ans ont grandi sans n’avoir jamais côtoyé de juifs. Les juifs que l’on croise parfois en Tunisie, en Egypte ou en Jordanie sont des étrangers, souvent des touristes israéliens aux niveau de vie élevé dans le cas de l’Egypte ou de la Jordanie, le Maroc est un cas un peu à part avec un (très) petite minorité juive bien encrée, restée.

Le juif étant devenu un étranger qu’on ne connaît qu’au travers des médias, l’émergence de discours antisémites a probablement été facilité. Mais cela ne l’explique pas. Le mobile politique en a été le ferment.

Israël est au centre géographique du monde arabe, à la jonction des arabes d’Afrique et de ceux d’Asie, mais elle a d’abord été peuplée par des juifs d’Europe (qui se percevaient eux-mêmes comme supérieurs aux autochtones voisins, qu’ils fussent juifs, musulmans ou chrétiens). Cela renforçait la vision d’un état appendice d’un occident colonisateur (les pays arabes accèdent à l’indépendance entre les années 30 et 1962). Israël est donc à l’origine perçu comme un corps étranger et ennemi qui non seulement occupe une terre arabe mais qui en plus sépare la nation arabe en deux.

Au fur et à mesure que l’arabe moyen constate l’impuissance des états arabes à défendre les droits des palestiniens, il devient tenté de suivre les théories prétendant à une surpuissance juive ou une manipulation de l’occident dominateur par les minorités juives. Or nous sommes souvent dans des sociétés policières marquées par l’opacité du pouvoir, le contrôle de l’information et les rumeurs (félicitons-nous ici des effets bénéfiques possibles des chaînes satellitaires, même si la liberté d’expression laisse peut-être trop la parole à des discours peu sérieux). C’est à mon avis ce prisme paranoïaque qui fonde en premier lieu l’antisémitisme en terre arabe.

Enfin, Israël ayant été fondée sur l’idée de la correspondance entre l’état et la religion (l’Israël moderne mais aussi celle fondatrice du roi de Judée Josias d’après I. Finkelstein), s’opposer à Israël peut dans une logique islamiste amener à s’opposer au judaïsme.

Résultat: je ne saurais décrire ni l’ampleur précise ni la nature exacte du phénomène, mais il me semble qu’il y a dans les sociétés arabes, au moins une tendance générale à la méfiance à l’égard des juifs et surtout une situation où il devient difficile de juger un individu juif en faisant abstraction de son appartenance à un groupe perçu comme uni et hostile. Dès lors, les individus deviennent réceptifs à une lecture des événements abusivement judéo-centrique et à des discours antisémites de tradition européenne (à caractère raciaux et négationnistes). Cependant, je rappellerai qu’il y a une conscience d’une proximité culturelle ou du moins historique voire “génétique” entre arabes et juifs, ces derniers étant appelés “les cousins” (allusion au passages de la Bible et du Coran reliant les arabes et les juifs par une même ascendance par Abraham), ce qui constitue je pense une limite à l’ampleur de l’antisémitisme des arabes.

La difficulté vient en outre de ce que beaucoup d’arabes pensent ne pas pouvoir être antisémites puisqu’ils sont eux mêmes sémites. Certains se disent alors anti-sionistes, c’est à dire soit opposés à l’expansionnisme israélien soit opposés à l’idée qu’un état spécifiquement juif puisse être légitime, du moins sur la Palestine historique (je ne sais pas si à l’origine le projet de foyer national pour les juifs de Herzel n’impliquait pas qu’il fut établi en Palestine, en tous cas ce n’est qu’en 1905 que l’Organisation Sioniste Mondiale rejette l’idée que ce foyer puisse être hors de Palestine). Seulement, un rejet viscérale d’une présence juive politiquement reconnue (que ce soit au travers d’un état juif ou dans le cadre d’un état à proprement parler laïc) dans le Moyen-Orient revient à une forme d’antisémitisme puisqu'on aboutit à refuser à une minorité des droits politiques au prétexte que ses membres sont des des ennemis.

Au-delà de la condamnation morale, le problème de cet antisémitisme est qu'il cristallise des conceptions naïves et simplistes de la politique dans les opinions arabes, tout en entretenant un complexe obsidional en Israël. (Obsidional veux dire relatif à un état de siège...je vous apprends des mots :p)

jeudi 21 décembre 2006

Mieux que la mort de Pinochet…

Rien ne dit que l’avenir sera moins lugubre mais c’est tout de même un espoir:

” Le président turkmène Saparmourad Niazov est mort” (nouvelle parue dans Le Monde le 2)

jeudi 14 décembre 2006

juste une idée face à la fuite des talents…

Et si on créait un impôt progressif (ou avec franchise) sur l’ensemble des revenus relevant des droits artistiques et assimilés perçus en France ?

Illustration : Je suis un chanteur : cette année, j’ai perçu 500 000 € de droits d’interprète, 180 000 € d’indemnités pour avoir participé à des concerts et 80 000 € de la vente d’un livre : l’état commence à prendre 20% d’impôts (prélevés auprès des commerçants) à partir de, disons 48 000 € gagnés et puis 60 % à partir de 200 000 €. Puisque de toutes façon, les revenus d’un artiste ou d’un sportif ne sont plus à partir d’un certain seuil liées à une incitation à travailler mais relève des hasards propres aux marchés constitués autour d’un tournoi (voir Freaknomics de Steven-D Levitt,Stephen Dubner, à ce sujet : ) : si vous êtes chanteur ou compositeur : allez vous vraiment faire un effort sur la qualité de votre oeuvre pour gagner 2 millions d’euros plutôt qu’ 1 million ? (faudrait voir un travail d’économistes là dessus pour être rigoureux).

=> Quelque soit le pays de résidence de l’artiste, on pourrait appliquer à l’ensemble des revenus un taux d’imposition > taux marginal d’imposition sur le revenu au seuil de la tranche d’imposition la plus élevée (ou à u seuil légèrement supérieur).

L’idée serait donc de limiter l’effet de la fuite des “talents” tout en ayant une fiscalité à la fois plus juste (car taxant plus fortement les réussites liées au don et à la chance) et sans effet pervers désincitatifs.

C’est juste un idée encore un peu floue mais avec un je ne sais quoi de “rockn’roll attitude”…

vendredi 8 décembre 2006

Lueure d’espoir pour les palestiniens ?

Corine Lesne sur son blog parle du lancement d’un livre de J. Carter (l’ancien président des Etats-Unis) : “Palestine: Peace, not Apartheid.” Je n’ai pas lu le livre mais de ce que j’ai compris, on y trouve au moins 2 idées :

_ Israel mène une politique de ségrégation territoriale à l’encontre des palestiniens…(bref, constat de la tragique situation des palestiniens dans les territoires)
_ Le poids des lobbys pro-israéliens fait pression sur les hommes politiques américains au point que le débat y est plus fermé que dans tous les grand pays développés et en Israël même sur le sujet du conflit israélo-palestinien.

En soit, vu d’ici ce ne sont pas les révélations du siècle…Mais c’est dit aux Etats-Unis par une personnalité d’un rang jusqu à là inégalé et qui peut se prévaloir d’une bonne connaissance du terrain. Or pour ma part, je crois que la solution au conflit israélo-palestinien viendra essentiellement d’Israel et des Etats-Unis.

La position pro-israélienne des Etats-Unis est certes liée à l’efficacité du lobby qui s’appuie sur de nombreux relais dans une minorité parfaitement intégrée (mais remarquez que les personnalités les plus critiques envers Israel aux E-U sont souvent juives à l’instar de N. Chomsky) mais surtout (sans être exhaustif), les américains s’identifient bien plus aux juifs israéliens qu’aux arabes non juifs, et le 11/9 a probablement eu de ce point de vue des effets ravageurs. Cela signifie que l’opinion publique réagit plus aux roquettes qui tombent sur Sderot ou aux attentats-suicides même si en face l’armée israélienne tue 10 fois plus de palestiniens. Cela signifie peut-être aussi que les images de barbus déguisés avec des robes vertes défilant dans les rues (qui pour ma part me font penser aux gars du KluKliuxKlan) et brûlant des drapeaux US et des poupées représentant l’oncle Sam valent bien des images de bombardements… Je ne développerai pas ici de discours sur les mécanismes d’identification et leurs conséquences…

En bref, cette parole de Carter est le genre de petit signe susceptible de faire progresser de quelques millimètres l’état de l’opinion US en faveur des palestiniens, et cela ma parait plus utile que des milliers d’initiatives prises ici. (Je reviendrais bientôt sur “ce qu’on peut vraiment faire en France pour le Proche-Orient)

=> Extraits du livre sur http://abcnews.go.com/GMA/Books/story?id=2680021&page=1

P. Sevran, victime du politiquement correcte.

L’animateur avait écrit dans son livre “Le privilège des jonquilles” : “la bite des noirs est responsable de la famine en Afrique” , interrogé sur ce propos dans Var-Matin, il y déclare “Et alors? C’est la vérité! L’ Afrique crève de tous les enfants qui y naissent sans que leurs parents aient les moyens de les nourrir. Je ne suis pas le seul à le dire. Il faudrait stériliser la moitié de la planète!”. Le ministre de la culture déclare alors sur RTL “En tant que ministre et citoyen français, je trouve que les propos de Pascal Sevran sont scandaleux, inadmissibles et racistes. Je suis extrêmement choqué (…) Au-delà du choquant, c’est passible de la loi” , une association demande que Sevran soit interdit d’antenne. (dépêches AFP.)

Voilà pour les faits, le style des propos de Sevran n’est pas des plus fins, certes…mais que dit-il sur le fond ? Quelquechose du genre ” La forte natalité en Afrique et ailleurs constitue un frein majeure au développement économque de ces régions. Une politique de planing familial volontariste suivant le modèle chinois devrait être sérieusement envisagée”. (Les mesures de stérilisations forcées prises par l’Inde ou par la Chine ont certes été assez critiquées pour leur brutalité, mais l’accent a été plutôt mis sur la réussite de la baisse de la natalité)

Cela pourrait être tout à fait le discours d’un expert d’un organisme international… Seulement voilà : P. sevran a prononcé les mots “bite” et “noirs”…

A moins que les propos aient choqué sur le fond, ce qui je trouve, serait assez inquiétant pour le coup.

mardi 5 décembre 2006

L’impatience de l’UMP face à S. Royal

Ils lui sont tombés dessus ce WE, croyant avoir mis le doigt là où ça faisait mal. Erreur : comment croire que Mme Royal ait fait un faux-pas sur le Hezbollah alors qu’elle est accueillie avec tous les honneurs par le gouvernement israélien ? il semble en fait que les dirigeants de l’UMP, empressés de prendre la candidate en flagrant délit d’incompétence, aient essayé de gonfler un incident imaginaire.

Ils auraient du attendre sa visite en Israel pour dénoncer l’inconsistance et l’irréalisme de certaines de ces prises de position : Au Liban, elle dénonce le survol des vols de l’aviation israèlienne, en Israel, elle les justifie; Au Liban, elle estime qu’ il faut discuter avec toutes les parties, à Gaza, elle refuse de voir des responsables issus du Hamas…Elle se déclare opposée au Nucléaire civil pour l’Iran, position que ni les Etats-Unis, ni Israel ne préconisent.

Concernant la droite, cela s’appelle, faire preuve de fébrilité…

lundi 4 décembre 2006

Wikipedia : C’est pas pour les enfants !

La principale critique à l’encontre de Wikipedia est qu’en étant ouverte à tous, elle perd en fiabilité. Un ancien de Wikipedia a d’ailleurs décidé de lancer Citizendium, une version filtrée par des experts. Néanmoins comme le rapporte F. Pisani (http://pisani.blog.lemonde.fr/?name=2005_12_trois_faux_pas_ ) Wikipedia se trompe à peine pleine plus qu’une encyclopédie aussi sérieuse que la Britannica (Britannica c'est l'équivalent voire le modèle de l'encyclopédie Universalis).

La limite de wikipedia ne vient pas à mon avis des risques d’erreurs, la force de wikipedia étant la rapidité des changements, si quelqu’un écrit une sottise, un autre viendra rapidement la corriger.

Non, le risque à mon avis est que les enfants actuels apprennent à apprendre en allant cherchant l’information eux-mêmes. Or, comme le disent beaucoup de gens intelligents, nous sommes entrées dans une société d’abondance de l’information où l’information n’est plus la ressource rare, la ressource rare étant l’attention (”temps de cerveau disponible” en langage TF1). Là apparaît la limite de wikipedia à mon avis : sur un sujet particulier, le principal et le secondaire voire l’anecdotique peuvent être mis sur le même plan. Plus préoccupant peut-être : le mélange du factuel et du jugement. Il y a certes parfois une dimension idéologique dans les manuels d’histoire, mais dans wikipedia, elle devient incontrôlée, exemple avec l’article “Histoire du Liban” : ” L’islam arrive au VIIe siècle …il apparaît à un moment où un incroyable manque culturel se fait sentir, c’est la période de l’ignorance (en arabe : al jahiliyya)…adopté par les différents peuples et tribus locales en quête de philosophies existentielles qui combleraient le vide présent à cette époque”. Je pourrais “corriger ” cet article, mais le seul moyen serait d’en enlever plusieurs paragraphes !

Conclusion : Un bon usage de Wikipedia nécessite un minimum de connaissances et de maturité…

vendredi 1 décembre 2006

Communisme en Chine : le défi de la dialectique

L’autre jour, un reportage sur TV5 sur l’idéologie contemporaine du Parti communiste chinois. Une des personnes interrogées nous dit que K. Marx n’était pas opposé à la démocratie mais au capitalisme, soit la position exactement inverse à celle du Parti communiste chinois actuel. Pourtant Deng Xiaoping, l’instigateur du tournant capitaliste a pu trouver dans la conception marxiste de l’ Histoire, une justification du changement opéré. En effet, Marx a développé une théorie de l’histoire qui à la fois une valeur explicative, prédictive et…de fait, normative. Dans cette théorie, le capitalisme et l’industrialisation qui l’accompagne succède à un ordre féodal, précède le socialisme qui lui même précède le nirvana de l’Histoire : le communisme (quand on aura plus besoin d’état pour vivre dans un monde juste, pour résumer).

Donc, Deng constatant le sous-développement de son pays, a expliqué qu’avant d’essayer d’aller vers le communisme et d’être socialiste, il fallait passer par le case “capitalisme” ! évidement, nul ne sait quand le parti estimera le pays mûr pour passer à l’étape suivante…mais il semble que les chinois actuels, dans leur majorité, soient dans leurs aspirations individuelles pris dans les tourments du désir d’accumulation matérielle (et dans l’impérative nécessité de survivre ), et trouvent une certaine fierté à voir leur pays devenir une puissance politique mondiale.

Ce qui était amusant, était de voir l’école du parti sorte de méga-ENA de l’oligarchie (pseudo ?) méritocratique de l’état communiste …on y apprend à parler de Mao, du marxisme et de la nouvelle dialectique selon laquelle les grands capitalistes font partie de la recette menant au progrès de l’Histoire. Encore plus étonnants sont les discours des étudiants “ordinaires” rêvant d’entre d’entrer dans la carrière : certains vous parlent avec un sourire qui en dit en long sur la profondeur de leur adhésion au discours officiel…mais cela ressemble plus de l’hypocrisie calculée qu’à de l’ironie.

Peut-être qu’en Chine aujourd’hui, chacun peut penser ce qu’il veut, mais il est prié de ne pas le crier trop fort ! (Je reviendrais sur le fascinant régime politique chinois)

skyscrapers-shanghai.JPG Photo de Changhai avec ses tours et ses grues (wikipedia commons).

jeudi 30 novembre 2006

Jacques l’élyséen.

Je vous propose d’aller voir cette brève entrevue de J. Attali sur le blog de John-Paul Lepers. Il y expliquait voilà 1 an que S. Royal avait une envie “sarkozienne” de pouvoir présidentiel. On notera aussi qu’il a la particularité d’être à la fois proche du couple Hollande-Royal qu’il a recruté dans les années 80 à l’Elysée, et de son ami N. Sarkozy.

http://johnpaullepers.blogs.com/john_paul_lepers_leblog/2006/02/attali_sur_sego.html

(J ai failli faire un post sur “Les conceptions hegeliennes de l’Histoire : Le cas Attali” mais j’y renonce provisoirement ;-)

mercredi 29 novembre 2006

Les couleurs du football et leur (impossible) double représentativité

Il y a un an exactement, Alain Finkielkraut avait déclenché un tollé suite à ses propos sur l’équipe de France dans Haaretz. Il y avait déclaré ” on nous dit que l’équipe de France est adorée par tous parce qu’elle est « black blanc beur », en fait aujourd’hui elle est black black black ce qui fait ricaner toute l’Europe.” (http://www.grioo.com/info5864.html).

Georges Frêche, lui a suscité un tollé en déclarant au sujet de la même équipe « La normalité serait qu’il y en ait trois ou quatre. Ce serait le reflet de la société, aurait-il affirmé. Mais là, s’il y en a autant, c’est parce que les Blancs sont nuls. J’ai honte pour ce pays. Bientôt, il y aura onze Blacks. Quand je vois certaines équipes de foot, ça me fait de la peine. » (http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-11-17/2006-11-17-840481)

En fait certains dont ces deux là, voudraient que l’équipe de France endosse une double représentativité :

_ Représenter la France par la défense de son image sportive, qui se doit d’être la meilleure possible à l’aune du critère sportif : la qualité de jeu et en définitive la victoire.

_ Représenter la France à la façon d’un sondage : porter à l’extérieur une image de la société française qui devrait être un minimum fidèle à sa diversité.

Comme souvent, un instrument ne peut servir plusieurs fins. Aussi, je crois qu’il faut accepter de renoncer à la représentation “sociale” de l’équipe nationale. Après tout, l’équipe de France a-t-elle jamais représenter les femmes, les personnes âgées ou plus simplement les classes sociales favorisées du pays ? Peut-on reprocher au football d’être un sport populaire où les enfants des DOM et de l’immigration africaine réussissent mieux ?

Si dans le domaine sportif au-delà de quelques vols de pieds de la part de pays riches, la réponse à la question parait aisée (encore que les critiques des propos cités aient souvent porté sur une dimension raciste prétendument sous -jacente) , ce même avis semble difficile à imposer dans d’autres domaines (politique, police, monde des affaires…) où il est vrai qu’il ne s’agit plus de représenter la société à l’extérieur…mais “à l’intérieur”. Un autre sujet, sans doutes, mais qui n’est pas sans liens…

mardi 28 novembre 2006

Libérez le foncier !

Je viens de voir un reportage (France 2) sur un programme immobilier destiné à faciliter l’accès à la propriété à Ploërmel (entre Vannes et Rennes) : Pour arriver à des prix de 65-85 000 € pour des petits pavillons (60à 90m², pas très jolis à vrai dire, mais fort confortables parait-il), on a recours à du préfabriqué et surtout : Le prix du foncier est obtenu par un arrangement ente la mairie et des agriculteurs : ces dernières lui cèdent une part de terrain et en échange, une surface de terrain agricoles 4 fois plus importante devient constructible (le maire décide d’une modification du plan d’occupation des sols : il accorde des ” permis de lotir”).

Cela me rappelle une de ces questions que je me suis souvent posé sans avoir trouvé de réponse : Pourquoi l’Etat est-il habilité à décider de l’utilisation faite de terrains appartenant à d’autres (”aux gens” en langage de S. Royal) ?

je sais bien qu’une utilisation particulière des sols peut avoir des conséquences sur le voisinage (exp. : construction d’une porcherie à côté d’un école…pensons à HEC ;-) , mais de là à donner un droit absolu aux communes, il y a un pas dont je ne comprend pas bien franchissement.

La situation est en outre perverse du fait de la fiscalité, j’ai le souvenir d’avoir lu une critique du type suivant : un emploi avec la taxe professionnelle rapporte à la commune bien plus qu’un habitant avec ses impôts locaux (surtout quand on prend en compte les dépenses publiques engendrées par l’habitant); les communes ont donc intérêt à limiter les terrains constructibles destinés à l’habitation. En outre, rendre un terrain constructible va multiplier la valeur de ce dernier sans que la commune n’ait le moindre droit à la plus-value potentielle ainsi permise.

Conclusion : Que la constructibilité des terrains devienne la règle et son interdiction une exception demandant justification (et que les éventuels gains aille à un fond d’investissement communal ou national…)


(image réduite du POS de la commune de Chantilly, dans l’Oise)


lundi 27 novembre 2006

Que faire des quotas de CO2 s’ils ne s’appliquent qu’à certains pays ?

ceci est un commentaire à un article paru dans Le Monde le 27 /11

” Emissions de CO2 : les quotas français ne convainquent pas Bruxelles”

Le problème des quotas dans des approches telles que Kyoto où seuls certains états ont des plafonds est que pour les pays contraints, le quota est d’autant plus facile à respecter que ces ces pays perdent leurs industries traditionnelles (comme le R-U) au profit des pays émergeant tels que la Chine. Une taxe CO2 pourrait-être alors proposée aux importations mais quid de l’OMC…

Face à Le Pen

Hier, J-M. Le Pen était l’invité de l’émission Riposte. Déception face aux arguments avancés par ses contradicteurs (E. Raoult, monsieur 9-3 de l’UMP; C. Taubira radicale de gauche et M. Leroy de l’UDF). on l’attaque en général sur 3 points qui me paraissent peu efficaces :

_ ses dérapages verbaux : Certes quand C. Taubira surprend un “En Guyane” suivi d’un “chez nous”, elle frappe juste. Mais, cela est-il nouveau pour les électeurs du FN ? Surtout, quand on rappelle ses dérapages antisémites et racistes, on apparait comme des pinailleurs cherchant la petit bête car on ressort des phrases souvent ambigües et datées de quelques années voir de 10-20 ans…

_ sur ses “valeurs” : Le discours sur les valeurs humanistes me semble servir à mobiliser les électeurs de gauche plus qu’autre chose. La critique sur les valeurs devrait être directement illustrée par le rappel des éléments “réactionnaires” du programme frontiste : contre le droit à l’avortement, contre l’impôt progressif sur le revenu…

_ l’inutilité du vote “Le Pen” : Cet argument a un côté boomerang terrible : Le Pen dira alors qu’il est victime d’un complot des autres partis et qu’il est la seule véritable alternative…donc, le seul qui aspire vraiment au changement.

Je crois qu’il faut face à Le Pen assumer un peu plus certains choix politiques actuels et montrer les conséquences concrètes des propositions du FN. Exemples :

_ Les droits de douane et la fermeture des frontières : Hausse des prix (= “la vie chère” pour reprendre une expression chère à S. Royal).

_ Les suppressions d’impôts conjuguée à la hausse du budget de l’armée : la fin de la gratuité de l’enseignement (Ce n’est pas explicite dans son programme, mais on peut se poser la question ! ).

On peut aussi critiquer le floue de certaines propositions,comme ici concernant la recherche :
“Il faut ensuite, je le dis clairement, faire des choix, en privilégiant les domaines stratégiques : médical, pharmaceutique, aérospatial, nucléaire, physique, énergétique, informatique, télécommunications, agricole, armement et défense.”

( http://www.frontnational.com/doc_interventions_detail.php?id_inter=55)