vendredi 5 janvier 2007

Injustes générosités ?

Je rapproche ici deux observations du jour en apparence sans lien...:
_ Une émission de "c'est dans l'air " intitulée "Tsunami : lame de fonds" et traitant de la gestion contestée de l'afflux massif de dons suite au Tsunami de décembre 2004 et à un rapport de la cour des comptes sur ce sujet.
_ Une série de décisions judiciaires en sens opposés concernant une "soupe (populaire) au cochon" (de ce que j'ai compris le conseil d'état l'interdirait aujourd'hui en retenant le motif de possibles troubles à l'ordre public).

Au cours de l'émission sur l'élan de générosité ayant fait suite au raz-de marée en Asie du Sud et du Sud-Est, on a pu voir émerger un problème assez original surtout si je le formule ainsi : et si les gens avaient été trop généreux ? La Tsunami eût lieu pendant les fêtes et a eu des effets spectaculaires, en outre, il a touché des occidentaux en vacances là-bas, et comme c'est une catastrophe naturelle, les gens se sentent plus concernés dans la mesure où contrairement à une guerre par exemple, il perçoivent cet événement comme totalement indépendant de la volontés des victimes. Le résultat semble être que les ONG ont eu du mal à trouver des emplois pour les fonds recueillis. Il a fallu justifier l'utilisation des dons, et on donc financer des constructions au-delà du stricte nécessaire, plus gênant on a financé des bateaux inutilisés. Au-delà de l'aide de première urgence, les destructions étaient très concentrées sur les côtes et certaines régions touchées disposaient des moyens économiques pour se reconstruite. Bien qu'une partie des fonds ait été réalloué à d'autres régions du monde, il semble que globalement les victimes du Tsunami aient reçu bien plus d'argent que les populations victimes de guerres en Afrique par exemple.
=> L'élan de générosité s'est révélé porteur d'injustices entre différentes populations de victimes. De plus, il s'est traduit par un certain gaspillage de ressources.

Dans les cas des soupes au cochon, des associations que l'on dit proches du FN ont voulu distribuer des soupes à des populations "françaises" de souche. Nombre d'associations et d'hommes politiques y ont vu un caractère discriminatoire...Cela paraît certain, mais peut-on reprocher à quelqu'un qui fait un don de faire de la discrimination ? Dans l'absolu seul un don monétaire à l'ensemble de l'humanité ne discrimine pas...Si vous offrez par exemple de la nourriture avec de la viande, des végétariens ne pourraient-ils pas vous reprocher de ne pas proposer une version avec un substitut protéinique à base de soja ? Celui qui souffre de manques de soins dentaires ne devrait-il pas reprocher au Téléthon de ne s'occuper que des victimes de maladies génétiques ?

Les états essaient depuis longtemps de limiter les inégalités engendrées par la nature et par l'égoïsme des individus, et le moins qu'on puisse dire c'est que ce n'est pas facile...et voilà qu'il semblerait maintenant qu'il faille s'occuper des injustices engendrées par l'altruisme !

Je reviendrais bientôt sur la première inégalité altruiste à mes yeux : celle liée du don de la vie...

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